dimanche 31 mai 2015

Championnats du Monde de Trail !

 
Le festival des Français !
Ils ont tous gagné ou presque. Attendus en favoris, les tricolores auront assumé leur rang lors de cette belle ballade autour du lac d’Annecy. Depuis 3h30 du matin jusqu’à 19h du soir pour la remise des prix, nous auront suivi les tricolores appréciant d’écouter par 4 fois le son de la Marseillaise retentissant au bord de l’un des plus beaux lacs de France.

Ca pique un peu lors du départ ultra-matinal à 3h30 samedi matin lorsque s’élancent les 180 hommes et 119 femmes de cette vague élite provenant de 39 pays, un record dans l’histoire des Championnats du monde de trail. Mais l’adrénaline aidant, personne ne ressent le manque de sommeil et c’est parti pour cette longue journée ensoleillée au cœur d’un cadre idyllique. Au sommet du Semnoz nous assistons au lever du jour lorsque les premiers concurrents déboulent frais comme des gardons encore peu usés par ce sélectif parcours de 85km et 5300m de D+. Les français affichent d’entrée leurs prétentions passant en force dans le peloton de tête en haut de ce spot de sport outdoor (ski, vélo, rando) très prisé par les anneciens. Sylvain Court, Xavier Thévenard, Julien Rancon, Sébastien Spehler sont aux avant-postes suivis de peu par les autres français Patrick Bringer et Ludovic Pommeret, par l’anglais Tom Owens et l’armada espagnole emmenée par leur leader Luis Alberto Hernando. Puis c’est la descente vers le village de Saint Eustache avant de remonter au Col de la Cochette. Les tricolores impressionnent par leur domination avec Court, Rancon, Spehler et Thévenard bien décidés à mener les débats, alors que Bringer et Pommeret restent en retrait pointés à 6min de la tête. Hernando est en embuscade à une petite minute de la tête et l’Islandais Jonsson s’est invité dans le peloton de tête. A mi-course soit au km 43,5 lors du passage au ravitaillement de Doussard, la hiérarchie est encore peu boulversée.

Mais la course commence à peine et c’est alors que nous allons assister à des renversements de situation peu attendus. La montée au chalet de l’Aulps par le col de la Forclaz laissera des traces et bien des organismes vont souffrir. Le Championnat du monde laissant dévoiler la rudesse de la compétition et surtout un plateau rarement égalé où il faudra vraiment être à « 110% de ses moyens et non à 99% » comme le reconnaîtra plus tard l’hispanique annoncé en favori mais légèrement marqué par sa victoire trois semaines auparavant à la Transvulcania. Au chalet de l’Aulps, c’est une ambiance torride qui accompagne les coureurs relançant alors leur marche bien que rapide devenue parfois écrasée. Le français Spehler impressionne par son aisance. Hernando pointe second bien décidé à ne rien lâcher et veut aller taquiner son concurrent. Derrière le duo de tête, Sylvain Court assure, passé 2’ après l’espagnol, Pommeret est toujours là mais commence à montrer quelques stigmates d’épuisement. Belle surprise pour Patrick Bringer qui aura bien géré son affaire et qui revient de loin pointé à peine dans le top 20 dans la première partie de course. A l’inverse le traileur du team Adidas Julien Rancon a explosé après une montée difficile due « 
à des problèmes d’alimentation où je ne pouvais plus m’alimenter correctement ». Le spécialiste des courses de montagne se battra jusqu’au bout pour terminer à la 19ème place, très déçu par sa performance et conscient « qu’une course si longue et si difficile, c’est sans doute pas le format qui me convient ».

Dans la descente après le Roc de Lancrenaz, tragique coup du sort pour Spehler qui victime d’un malaise devra abandonner la partie, alors qu’on le voyait déjà en haut du podium. C’est en toute logique que le duo Court-Hernado se retrouve en tête de course avec un Sylvain Court énervé bien décidé à faire lâcher l’espagnol. Patrick Bringer assure toujours le coup, 3ème devant Pommeret et Owens. Mais l’anglais est en forme et à la bagarre dans la montée du bon baron, il parviendra à distance le traileur du team Hoka. Durant cette portion de parcours engagée, les points de vue sur le lac sont époustouflants. Les passages sur les crêtes où il faut parfois tirer sur les bras en s’aidant des câbles apposés dans la roche, donnent un côté ludique à cette fin de parcours, avant de basculer dans la descente finale menant à l’arrivée. Malheureusement les ténors n’auront pas le loisir d’apprécier la vue et d’observer le ballet offert par les nombreux voiliers de sortis sur le lac, ou encore d’admirer la Tournette encore recouverte de neige par endroits. Lorsque Ludo franchira la ligne, 5ème au final en 8h33’07, il laissera néanmoins apparaître une pointe d’amertune et de déception acceptant « que la médaille ne sera pas pour cette fois ».

Dans les derniers hectomètres la bataille est encore serrée entre Court et Hernando et « ce n’est qu’à 300m de la ligne que j’y ai vraiment cru. Après être revenu sur Luis dans la descente menant à Menthon, une bataille terrible s’est engagée entre nous deux durant 5km. Je suis bien descendu mais j’avais vraiment peur qu’il revienne sur moi » commentera le nouveau champion du monde en titre très heureux de son exploit. Quant à Patrick Bringer il demeure ravi de sa stratégie de course qui s’est avérée payante. Mais l’ancien triathlète habitué aux courses en négative-split aura su parfaitement « bien géré ma course » pour aller s’offrir cette médaille de bronze tant convoitée. L’anglais Tom Owens a lui aussi joué la carte de la prudence. « Je suis bien revenu progressivement et c’est vraiment un type de parcours qui me convient bien autant par sa distance et que pour son dénivelé » nous confiera le sympathique coureur Britannique. Et pendant que Ludo se remet de sa fin de course jugée difficile par l’intéressé, nous retrouvons Nicolas Martin, 7ème qui commente lui aussi « u
ne course bien gérée mais quelques douleurs parasites m’auront perturbé et surtout j’ai fait une grosse erreur en décidant de courir sans bâtons téléscopiques, une belle leçon pour l’avenir ». Avec la 8ème place de Xavier Thévenard et la 11ème de Fabien Antolinos on aura assisté à un festival de l’équipe tricolore qui aura su nous faire vibrer durant cette longue journée. C’est ainsi que les frenchies remportent l’or par équipe devant les américains et les anglais.

Quant aux féminines, elles auront tout simplement imité leurs homologues masculins en remportant elles aussi l’or par équipe devant  les espagnoles et les italiennes. Tout le long durant on aura assisté à un mano à un mano 100% françaises entre Nathalie Mauclair et la haut-savoyard Caroline Chaverot qui courait à domicile. Pour la nouvelle championne du monde en titre Nathalie Mauclair « le doute était là mais c’est passé. Longtemps derrière j’ai du allé la chercher pour ne la lâcher que vers la fin. Au départ ce n’était pas l’objectif premier que de reprendre Caroline. Mais c’est évident qu’une fois en tête je ne voulais pas qu’elle revienne » assume la traileuse du team Lafuma et ex championne de vtt. Quant à Caroline Chaverot, inévitablement un brin déçue, « 
j’ai subie quelques moments de faiblesse et je n’ai pu suivre Nathalie lorsqu’elle m’a doublé. Mais c’est la première année que je m’entraîne autant, passant de 7/8 par semaine à 12/13h. Et je sais que j’ai encore une belle marge de progression devant moi ». Nous devrions revoir souvent nos deux françaises à la bagarre puisque toutes deux disputent cette année l’Ultra Trail Word Tour. Après sa seconde place à la Transgrancanaria, Caroline ira au Lavaredo, à l’Egger puis à l’UTMB.

Séquence émotion lorsque l’espagnole Maite Mayora franchira la ligne d’arrivée laissant coulé une rivière de larmes. L’effort consenti, les difficultés surmontées, et surtout cette médaille de bronze au final, elle aura fini par craquer, partageant avec le public ses joies et ses peines. Quant à Maud Gobert, elle aura fait sa course comme d’habitude d’un départ prudent suivi d’une bonne remontée pour aller chercher cette 7ème place. » Une place qu’elle apprécie et qu’elle évalue à sa juste valeur « 
les filles devant étant plus fortes que moi aujourd’hui, je ne pouvais rien faire de plus » nous commentera avec sa modestie habituelle la monitrice de ski de Valloire, avant d’aller se jeter dans les eaux turquoise du lac d'Annecy, accompagnée par l’une des ses filles.

Mais les Championnats du Monde ce n’est pas seulement des médailles autour du cou et l’histoire de quelques teams au-dessus des autres. C’est aussi des rencontres avec tous ces coureurs venus du monde entier, dont pour certains c’était leur première expérience du haut niveau et sur un tel parcours, pas toujours facile à assimiler. Surtout lorsqu’on vient de Hollande, le pays plat. Nous avons pu interviewer le coach de l’équipe orange Laurens Groenendyh qui nous confiait que pour ces anciens triathlètes ou coureurs sur route « 
l’entraînement de trail n’est pas chose aisée, car s’entraîner pour la montagne chez bous revêt de l’exploit. Nous cherchons les petites bosses que nous enchaînons des centaines de fois comme les ponts au-dessus des routes. Nous travaillons parfois les escaliers dans les montées d’immeubles et nous utilisons même le tapis roulant avec le mode incliné. Heureusement nous allons parfois en stage en Belgique, en Allemagne ou même en France. » Une belle ambiance d’équipe chez les hollandais qui rentreront très satisfaits de leur escapade française avec en prime la 22ème place pour Huub van Noorden, la 57ème place pour Pascal Van Norden, la 68ème pour Tim Pleijte et aussi la 49ème de Susan Van Duijl chez les féminines. Une rencontre sympathique avec les hollandais qui auront autant apprécié nos montagnes que notre bière !

Texte et photos Alexandre Garin / Génération-Trail

Retrouvez aussi une autre série de photos ici : http://www.generation-trail.com/Trail-2014/championnats-du-monde-trail-photos


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